‘ΣXTAZΣ’ Lokiss – Galerie Celal M13
“Déconstruire la lettre, désenclaver la signification des mots et laisser le corps adolescent les dépasser. C’est ce lieu dont je viens. Vivre par et pour la science-fiction, puis poursuivre mon exploration des profondeurs en abordant la science brute. C’est ce passage où je me situe. Ces œuvres se déplacent doucement de part et d’autre de cette frontière.”
Présentation par Lokiss
Déconstruire la lettre, désenclaver la signification des mots et laisser le corps adolescent les dépasser.
C’est ce lieu dont je viens. Vivre par et pour la science-fiction, puis poursuivre mon exploration des profondeurs en abordant la science brute.
C’est ce passage où je me situe.
Ces œuvres se déplacent doucement de part et d’autre de cette frontière.
Ligne souple qui sépare sans jamais les éloigner l’univers du writing et celui de la physique.
On parle d’interaction forte quand vous persévérez à voyager entre les deux mondes.
Que les allers et retours déclinent d’incessantes transversales.
Il y a une linéarité, une logique implacable dans le déplacement de ce curseur artistique.
Fragmenter une lettre, puis un visage sur le modèle de la lettre, c’est instinctivement atomiser le monde comme le sens du monde et, en premier lieu, la matière qui le compose et le décompose.
Élaborer un langage propre, dont le cryptage volontaire empêche une lisibilité immédiate pour le non initié, c’est, sans le savoir, convoquer le mystère à chaque étape de son processus de création.
Lorsque je parle de mystique. N’entendez pas Dieu. Rien ne vous l’interdit car rien n’est interdit ici.
Le carbone est Dieu si on doit à tout prix trouver un créateur ou un coupable.
Demain ce sera l’uranium ou peut être l’hydrogène.
La bible est alors un manuel, réactualisé à chaque heure, composé de chiffres et de formules tracées à la craie.
Les oracles scientifiques prient puis effacent.
Quelques tables demeurent. Quelques lois persistent.
On sent que cela ne durera pas bien longtemps.
Faites attention. Croire en cette religion des sciences est un acte dangereux.
Si vous pénétrez la philosophie qui en découle et en premier lieu, les aberrations existentielles que glissent implicitement certaines théories, votre idolâtrie se tournera vite vers l’angoisse.
Pour ma part, après en avoir eu peur, enfant, j’ai développé rapidement une attirance pour le noir.
Le non connu. Le gouffre. L’espace infini.
C’est là que mes sens se gonflent et appréhendent pleinement le réel et l’irréel.
C’est là que j’approche, avec une candeur nécessaire, ce que les initiés nomment l’extase.
Une chance ? Je ne sais pas. Le même goût du risque qui m’animait plus jeune dans les terrains vagues de l’interzone ?
Oui sans aucun doute.
Croire que c’est devant vous. Tout en soupçonnant que cela relève d’une illusion, ou bien d’une simple version de la réalité est un des ressorts excitants de ma propre vie. Si vous introduisez un peu de mécanique quantique ou l’expérience topologique seule, comme je l’ai fait dans l’exposition précédente, votre esprit ressentira un peu de cet ailleurs de vous-même. Un millimètre du hors-soi.
Il y a une véritable poésie qui se dégage de ce qui ne s’explique pas.
Il y en a autant dans l’effort de l’homme à se persuader d’une rationalisation de qui lui échappe.
Je vais utiliser une image très simple. On nous montre une galaxie.
Non, en fait, c’est le visage de cette galaxie il y a des millions d’années.
Je navigue à vue – et par l’interprétation – dans ce décalage qui me virtualise en soit. Qui me rend avatar de moi-même. Je vois ce qui a été.
Comment suis-je vu en retour ?
Je poursuis cette déambulation faussement chaotique dans l’espace où les théories du tout se chevauchent et s’interpellent. Puis se contredisent.
Un peu comme l’uranium pour reparler un peu de cet ami que j’ai invité parfois dans les œuvres présentées devant vous.
Cet élément qui, suivant une chaine de désintégration, se transforme en maintes intermédiaires.
Les filiations successives devenant autant de générations dynamiques pour le noyau de départ, jusqu’au point de le transformer en plomb. Stable et sans vie.
Un peu comme nous.
Au final.
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